Entretien avec Zélia Masse

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Nageuse de 14 ans, Zélia Masse s’est récemment confiée à nous lors d’un entretien. Découvrez le parcours et les objectifs de cette jeune sportive de haut-niveau.

Bonjour Zélia, pour commencer, peux-tu me parler de toi et de ton parcours ?

« Bonjour, je m’appelle Zélia et je pratique la natation depuis 8 ans. Néanmoins, je suis handisportive uniquement depuis 3 ans. A l’époque, je ne savais pas que la pratique handisport existait… C’est ma tante qui m’a informé de son existence. J’ai donc commencé au sein d’une petite section, qui était davantage axée ‘famille’ et convivialité que compétition. C’est donc dans ce club que j’ai vraiment eu l’occasion de découvrir la natation handisport. Plus tard, Koen Van Lanbeghem, mon entraineur et accompagnateur, m’a conseillé de pratiquer à un plus haut niveau, de voir un peu plus loin. Cela m’a amené à rejoindre le club de Béthune depuis septembre, en sport étude. »

Tu pratiques donc également dans le milieu « valide » ?

« Tout à fait. En fait, je possède deux licences, une à la Fédération Française Handisport, et une autre en « valide », au sein de la Fédération Française de Natation. »

Est-ce qu’il existe des différences particulières entre les deux pratiques ?

« L’ambiance est différente, quand je suis en handisport, je dirais que je m’y retrouve plus puisque je suis au contact d’autres personnes en situation de handicap. Mais sur le plan purement sportif, la façon de m’entrainer ne change pas vraiment. En valide, mon entraineur me fait un signe avant le top. Il y a un code gestuel préétabli qui me permet de savoir quand prendre le départ. La différence notable en handisport est que mon entraineur est davantage exigeant sur le plan technique. La grande particularité du handisport se situe au niveau de l’accompagnement personnel puisque chacun a une pathologie différente. Cela amène bien souvent les entraineurs à avoir un discours totalement différent d’un athlète à l’autre car la technique de nage peut vraiment être changeante selon les caractéristiques du sportif. »

Comment te décrirais-tu ?

« Je pense être quelqu’un de volontaire et endurante. Je suis par ailleurs très motivée et déterminée. »

Comment se déroule ton intégration au sein de ton nouveau club, à Béthune ?

« Je me sens vraiment bien dans ce nouvel environnement. Là-bas, les entraineurs sont top et très à l’écoute vis-à-vis de mon handicap (auditif). L’ambiance est vraiment bonne. Les entrainements sont plus variés qu’au sein de mon ancienne section. Je suis forcément plus fatiguée car je suis passée de trois à six entrainements par semaine. Mais je me suis habituée au rythme et me sens désormais prête à supporter cette nouvelle charge de travail. »

Comment as-tu vécu ton dernier stage perfectionnement ?

« Super bien ! C’était ma 2ème année en espoir.  J’ai eu l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes… Cela me fait toujours très plaisir. Chaque année, je fais de nouvelles rencontres, c’est très enrichissant et c’est la raison pour laquelle j’apprécie tellement ce stage.  Et puis les entrainements sont sympas, cela représente pour moi une belle occasion de progresser. »

Entrevois-tu une carrière plutôt valide ou handisport ?

« Je ne sais pas encore avec précision… Mais je me vois bien faire les deux ! Je prends du plaisir dans les deux types de pratique. En natation valide, il y a beaucoup de concurrence et d’adversité. Cela me permet de me motiver davantage et d’apprendre plus. En handisport, la concurrence est différente car les pathologies sont différentes. Nous n’avons pas tous la même classification. »

Quels sont tes objectifs, à court et à long terme ? 

« Pour cette année, je rêve d’être championne de France FFH. Pour ce qui est de la compétition en FFN, participer aux championnats de France serait déjà une belle réussite pour moi. Je saurai à la fin de la saison si je suis qualifiée. A long terme, j’envisage de participer aux Deaflympics (jeux olympiques pour les sourds). Pourquoi pas en 2025. Je ne sais pas si j’y arriverai, mais décrocher une médaille serait vraiment formidable. »

Que penses-tu de l’évolution du mouvement handisport ?

« C’est un très beau mouvement. Chacun à une histoire à raconter, en fonction de sa pathologie, de son parcours… C’est un monde à part où il est possible de partager son expérience sans tabou. Nous échangeons et nous nous comprenons mieux. Quelque part, nous avons tous quelque chose en commun. Je trouve néanmoins qu’il y a un gros manque de communication… En tout cas dans la natation handisport. Ce n’est pas normal que nous soyons si peu à connaitre ce milieu. Je n’ai qu’une seule concurrente, sourde, dans toute la France. C’est navrant. Il existe forcément d’autre personnes comme moi, avec la même pathologie et la même passion pour la natation, qui aimerait pratiquer au sein d’une section spécialisée. Mais je pense que beaucoup ne connaisse pas le mouvement. Depuis l’âge de 9 mois et jusqu’à mon arrivée à Béthune, j’étais au CEJS d’Arras. Nous étions peut-être 2000, mais personne ne connaissait la natation handisport. J’en connaissais qui aimaient nager mais aucun ne savait qu’il existait des sections de ce type. Je trouve ça dommage. »

Mis à part la natation et la compétition, as-tu d’autres projets ?

« Je ne suis pas encore certaine de ce que je vais faire plus tard… Mais j’envisage de devenir prothésiste. Je travaille dur à l’école pour me donner le maximum de chance de réussir professionnellement. »

Un grand merci à Zélia pour ses réponses. Nous lui souhaitons une très belle réussite dans la poursuite de son parcours sportif.

Retrouvez une autre entrevue de l’un de nos talents régionaux la semaine prochaine !