Entretien avec Abdel Hermosilla

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Joueur de basket-fauteuil et membre du collectif espoir de l’Equipe de France, Abdel Hermosilla s’est récemment présenté à nous lors d’un entretien. Découvrez le parcours, les objectifs et témoignages d’un jeune talent de notre région.

Bonjour Abdel, pour démarrer, peux-tu me parler de toi.

« Je m’appelle Abdel Hermosilla, j’ai 19 ans, je pratique le handibasket à haut niveau et suis membre du collectif espoir de l’équipe de France. »

Depuis quand pratiques-tu le basket fauteuil ?

« Cela fait maintenant 7 ans que je pratique le basket-fauteuil. Pour l’histoire, lorsque j’étais en 6ème, mon comportement n’était vraiment pas bon… C’est Nathalie Lamorille, que je côtoyais au collège, qui m’a permis de découvrir le basket car elle était également (et est toujours) présidente du club de Coudekerque-Branche. Elle m’a proposé de rejoindre le club et cela m’a permis de me canaliser. »

Comment s’est déroulée ton adaptation à Coudekerque ?

« Au départ, je pratiquais uniquement en loisir… Puis on m’a dit que j’avais le potentiel pour jouer à plus haut niveau. J’y ai joué 3 ans. Cela s’est très bien passé. J’ai dû m’adapter au niveau de jeu et puis j’ai progressivement fait mes preuves. »

Et ensuite ?

« Ensuite j’ai entendu parler du pôle France à Talence, un centre de formation qui m’a vraiment permis de découvrir le haut niveau. En parallèle, j’ai pu continuer mon parcours scolaire. C’est vraiment là-bas que j’ai pris goût au haut niveau et que je me suis convaincu de me focaliser sur le basket. Je ne suis resté qu’un an là-bas puis je suis revenu brièvement à Coudekerque, avant de finalement rejoindre le club de Hyères, en N1A. »

Que retiens-tu de cette année passée à Hyères ?

« Je dirais que cela m’a apporté beaucoup d’autonomie puisque j’ai vécu en collocation. J’ai néanmoins été un peu déçu car je manquais de temps de jeu… Mais au final, j’ai pu jouer auprès des meilleurs joueurs français, ça m’a beaucoup appris et m’a permis de progresser, d’une part physiquement mais aussi et surtout dans l’intelligence de jeu… »

Pourquoi es-tu venu à Lille cette saison ?

« Tout simplement car j’avais l’occasion de jouer plus. J’estimais que cela me permettrait davantage d’exploiter mon potentiel. »

Tu joues également au sein de l’équipe de France espoir. Les A, j’imagine que tu y penses ?

« Bien sûr ! Mon objectif est de faire partie des meilleurs joueurs de basket-fauteuil. Je veux devenir le genre de joueur que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Hyères ou que je côtoie actuellement à Lille. J’essaie de tirer parti des qualités de chacun des joueurs que je rencontre et « je les met à ma sauce ». Cela m’aide vraiment à progresser. »

As-tu d’autres objectifs ?

« Oui bien sûr ! A terme, mon objectif est de prendre ma place dans le cinq majeur du club et de marquer en moyenne 8-10 points par matches. J’essaie également de m’intéresser davantage aux réglages de mon fauteuil car la mécanique est importante dans notre sport. »

J’imagine que ce n’est pas simple avec le COVID…

« Non, pour le moment, mon quotidien se résume à l’entrainement. J’espère vite rejouer. »

Te vois-tu décrocher une médaille aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 ?

« Je pense que c’est réalisable mais il faut que je me déchire encore plus aux entrainements et que je continue de garder une bonne hygiène de vie. Il ne faut pas que je prenne ma présence dans le collectif espoir comme un acquis et que je donne encore plus. Il est vraiment essentiel que je continue d’être rigoureux. »

Lorsque tu joues au basket, que ressens-tu ?

« Il faut savoir que peu importe ce qui m’arrive dans la vie, une fois que je pratique le basket, je fais entièrement le vide. Disons que ça me sert d’échappatoire… Une fois sur le terrain, je ne pense plus qu’à marquer des paniers. »

Mis à part le basket, quelles-sont tes occupations dans la vie ?

« En parallèle du basket, je suis actuellement en service civique à Unis Cité. Mon rôle est d’analyser des courts-métrages, puis de faire un débrief des diverses informations que nous retenons. Ensuite, nous allons présenter nos travaux aux collèges et lycées et nous débâtons sur le sujet. Ça me permet de couper avec le basket et de voir autre chose. C’est aussi un moyen pour moi de gagner un peu d’argent car le basket-fauteuil, par manque de visibilité, ne me permet pas de gagner ma vie. Il manque vraiment ce côté pro à notre sport. » 

Justement, que penses-tu de l’évolution du mouvement handisport ?

« Je pense qu’il y a malheureusement un manque de professionnalisme et de médiatisation au sein de notre mouvement. D’ailleurs, je trouve que le terme « handi » ne nous aide pas forcément car il fait de l’ombre à notre qualité de sportif. J’estime que nous ne sommes pas encore totalement perçus comme tel. On ne nous prend pas au sérieux alors que le niveau d’exigence est très élevé. » 

Quelles préconisations auraient-tu à apporter ?

« Je pense que nous pourrions nous inspirer du système anglais. Là-bas, ils sont très vite mis dans un cadre de haut-niveau et de vrai sportif professionnel. C’est une culture différente où le haut niveau est parfois plus mis en avant que le côté médico-social. » 

Merci à Abdel pour toutes ses réponses. Nous lui souhaitons une très belle réussite dans la poursuite de son parcours sportif.  

Vous retrouverez un autre entretien de l’un de nos talents la semaine prochaine…